Par : A.D
On les appelle les enfants de la débrouille. Ils fréquentent, chaque jour que Dieu fait, ces décharges et dépotoirs qui prolifèrent dans nos cités pour gagner quelques dinars, de quoi procurer à leurs familles un peu de pitance. A la question s’ils sont vraiment dans le besoin, El Hadj Larbi, un cadre de l’éducation à la retraite, est catégorique à ce sujet: «Notre société est en pleine phase de mutation. La classe dite moyenne est en train de subir de plein fouet les affres d’un libéralisme sauvage». Et d’ajouter: «Si un fonctionnaire peine à joindre les deux bouts, alors que dire d’un bénéficiaire du dispositif du filet social ou d’un détenteur d’une carte d’invalide». Cependant, Brahim et Salim, dont nous avons fait connaissance dans l’une des décharges des plus polluantes de la région, située à la sortie Est de la commune de Ouled Braham, à plus de 50 km au Sud-est du chef-lieu de wilaya Bordj Bou Arreridj, un dépotoir à ciel ouvert, un décor répugnant avec lequel les riverains ont appris à cohabiter.
Les deux marmots, pourtant scolarisés, sont là à fouiner dans les ordures en quête des quignons de pain rassis pour le vendre à des éleveurs, à raison de 100 DA le sac, des résidus d’argent, des ustensiles ferreux et en plastique pour également les écouler, respectivement, à 60, 50 DA le kilo, et entre 25 et 45 DA le kilo de l’emballage en plastique ou en nylon. Brahim avoue que rien ne se perd, tout est récupérable. Il gagne, à chaque sortie, entre 600 et 800 DA, de quoi subvenir aux besoins élémentaires de sa famille. Son père, un ancien retraité de l’éducation, ne perçoit que 30.000 DA par mois. Il nous a été donné également de constater que même les enfants, dont les parents travaillent, gagnent leur argent de poche de la sorte. En effet, les déchets récupérés sont vendus à des commerçants qui viennent des wilayas limitrophes Cela étant, les enfants qui fréquentent ces endroits sont exposés à de nombreux risques, y compris de santé. Pour rappel, deux lycéens de la localité de Bir Kasd Ali avaient péri dans une décharge il y a de cela plus de dix ans. Le phénomène prend de l’ampleur et pour l’éradiquer, l’Etat devrait mobiliser les moyens colossaux dont il dispose, y compris pour la réalisation de Centres d’enfouissement technique dont on ne trouve aucune trace dans la région Sud de la wilaya, en dépit de l’inscription de plusieurs projets.