Par : Adam S
Renoncer à sacrifier un mouton pour le rituel de l’Aïd El Adha, la grande fête musulmane, et recourir, au mieux, au sacrifice collectif d’un veau, sinon s’offrir quelques kilos de viande est une pratique de plus en plus courante à Jijel. Face à la cherté du mouton dans un contexte d’érosion du pouvoir d’achat du commun des citoyens, notamment les bas revenus, de nombreux pères de famille ont eu recours à cette pratique pour contourner l’impossibilité de s’offrir, comme jadis, un bélier pour cette fête de l’Aïd. Preuve en est, cette ruée sur les boucheries, qui ont été prises d’assaut la veille de cette fête, pour ne pas dire quelques jours avant le jour «J » de ce grand rituel du sacrifice. Une journée avant cette fête, il était difficile, voire impossible, de trouver quelques morceaux de viande. Les carcasses des bêtes abattues ont rapidement été découpées et écoulées aux personnes ayant passé des commandes de viande plusieurs jours à l’avance. À la mi-journée, aucune trace de viande n’est restée visible sur les étals des boucheries. Certains citoyens, qui n’ont même pas pu s’offrir des abats de moutons ou du veau, se sont plaints de la cherté des prix pratiqués. Les morceaux nobles, le foie et le cœur sont restés inabordables de par leurs prix exorbitants, privant des familles ayant renoncé au sacrifice de l’Aïd de goûter à la viande, en ce jour de dévotion et de piété. Des citoyens ont rapporté que dans les cités, les moutons ont brillé par leur absence. Rares sont, en effet, ces personnes qui ont pu s’offrir un ovin pour le sacrifier. Sinon, pour le reste, le sacrifice collectif d’un veau a pu sauver la face. Les cotisations pour sacrifier un taurillon ont été la solution idéale au sein de nombreuses familles, notamment entre frères. Toutefois, la solidarité a été au rendez-vous pour permettre aux familles qui ont renoncé au rituel du sacrifice de l’Aïd d’avoir des parts de viandes. Entre les actions lancées par des associations et le partage entre citoyens, des familles entières ont pu avoir leurs parts de viandes. Pour le reste, la fête de l’Aïd a été marquée par une frénésie des achats et une tension sur les boulangeries. Si les grandes pénuries de pain n’ont pas été signalées, des citoyens se sont rassemblés devant les boulangeries pour s’offrir des baguettes de cette denrée. Les fruits et les légumes ont également connu leur habituelle hausse en pareille circonstance, alors que le lait en sachet subventionné est resté un produit rare et introuvable. Pendant ce temps, des armes blanches de catégories prohibées et dangereuses, ont été exposées à la vente sur les trottoirs. Pour les besoins du sacrifice du mouton, sinon pour découper la viande, des citoyens n’ont trouvé aucun mal à acheter des couteaux auprès de jeunes exposant ces armes blanches sur le trottoir. Idem pour le charbon du bois, exposé et vendu sur les trottoirs, malgré la mesure de suspension de sa fabrication prise pour faire face aux risques de départ de feux dans les massifs forestiers aux fins de préserver la forêt des ravages qu’elle subit.