Par : A.A
Y a-t-il vraiment une crise de pain à Constantine ? La question mérite certainement d’être posée et particulièrement lorsque l’on sait que cet aliment de base continue d’être vendu sur les trottoirs et un peu partout, sauf chez le boulanger. Certes, la grève de certains boulangers et l’augmentation du prix de la baguette du pain sont deux facteurs ayant favorisé cette perturbation, en termes d’approvisionnement de cet aliment dont dépendent, faut-il le souligner, les ménagères et les cuisines de collectivité. Le pain se vend, ainsi, chez l’épicier du coin et chez ces vendeurs à la sauvette, mais pas à la boulangerie. Une situation qui ne semble déranger personne. Cette denrée est mise en vente souvent dans des conditions d’hygiène déplorables. Rappelons-le, quand même, que le problème remonte déjà à plusieurs mois, voire des années. Des années durant que le pain se fait de plus en plus rare chez les boulangers de la ville. Mais le paradoxe est là : juste à quelques pas du boulanger le pain est disponible. Il est vendu par ces jeunes qui ont fait de cette denrée alimentaire leur « gagne pain » quotidien. Une scène typiquement tiers-mondiste, a tenu à dire ce citoyen qui s’opposait à acheter le pain de ces endroits où toutes les normes sont bafouées. Dans ces endroits, à dire vrai, la devise est claire : la fin justifie les moyens. Autrement dit, peu importe les conditions dans lesquelles le pain est vendu, pourvu qu’on gagne plus. Une devise qui s’est confortablement installée dans les mœurs d’une société, apparemment en perte de vitesse. Et les signes sont également là : tous les moyens de contrôle semblent inefficaces devant un problème, ou plutôt ce phénomène, aux effets néfastes sur la santé de la population. Un argument qui, lui aussi, a perdu de sa consistance. Tout le monde semble s’accorder à dire que les gens qui achètent ce pain, et d’autres denrées alimentaires vendus sur les trottoirs, sont bel et bien immunisés contre les maladies ou une probable intoxication ! Drôle d’argument qui ne trouve, malheureusement, ses origines que dans un pays marqué par un laxisme, sournoisement caché, des services concernés. Ces derniers sont plus que jamais interpellés à sévir contre ces pratiques commerciales peu orthodoxes. En somme, la crise du pain, à notre humble avis, n’est en réalité qu’un mythe. Le problème réside, sans doute aucun, dans une gestion obsolète qui ne répond à aucune logique commerciale, sauf, peut-être, à celle du gain facile. Faut-il le reconnaître, à ce propos, que l’objectif recherché par cette corporation est l’augmentation inéluctable du prix de la baguette du pain, au grand dam, bien évidemment, du citoyen.