Par : M. Rahmani
Les crises et les pénuries d’eau sont devenues cycliques à Annaba à chaque saison estivale et, parfois même en plein hiver ; cette denrée indispensable et vitale vient à manquer et cela se traduit souvent par des manifestations et des protestations parfois violentes des citoyens. Les dispositifs et plans dits ORSEC pour juguler la crise ne règlent rien en définitive et ne sont que bricolages et rafistolages pour juste déplacer le problème.
Ainsi, on a souvent recours à des rationnements de cette denrée devenue très rare et qui, dans la réalité, ne concernent que certains quartiers dits huppés qui seront les premiers servis et avec une fréquence bien supérieure à celle des autres cités populaires. Il faut dire aussi que ces pénuries font le bonheur des vendeurs de citernes cédées à 3.000 DA, une eau trouble puisée dans l’oued Seybouse très pollué ou dans des mares stagnantes, avec tout ce que cela suppose comme risques pour la santé des populations. Des risques que les habitants prennent, pourvu qu’ils aient au moins de quoi se laver en attendant que la situation s’améliore.
Mais, apparemment cela ne s’améliore pas et la situation s’aggrave encore puisque le problème se pose à chaque fois avec plus d’acuité, car la ville d’Annaba s’est agrandie et les cités se construisent chaque année avec de nouveaux habitants. Les promotions immobilières pullulent et les différents programmes de logements, toutes formules confondues, se dressent sur tout le territoire. Cela décuple la demande en eau potable, ce à quoi les différents plans sectoriels prévus par la direction des ressources en eau et l’Algérienne Des Eaux (ADE) n’ont pas pu répondre.
En effet, le transfert de l’AEP à partir du barrage de Cheffia, dans la wilaya d’El-Tarf, pour alimenter la wilaya d’Annaba s’avère insuffisant. Cet important ouvrage est envasé et les quantités stockées ne sont pas toutes exploitables ; sur les 21 millions de mètres cube, ne sont disponibles que 7 à 8 millions, et si les précipitations n’arrivent pas tôt pour la reconstitution des quantités nécessaires à l’approvisionnement, ce serait une véritable catastrophe.
Régler définitivement cette crise est subordonné à la réalisation d’une usine de dessalement de l’eau de mer, cela mettrait à l’abri du besoin les quelque 700.000 habitants de la wilaya répartis sur les 12 communes. Le projet avait été évoqué en 2006 par la direction de l’hydraulique qui avait soulevé la question et avait même initié une étude de faisabilité visant à implanter la dite usine à Sidi Salem, une localité côtière distante d’à peine 6 kilomètres du chef-lieu de wilaya. Mais le projet est passé à la trappe et, depuis on n’en a plus entendu parler.
C’est finalement la commune côtière d’Echatt, dans la wilaya d’El-Tarf qui a été choisie pour abriter cet important ouvrage qui produira 100.000 mètres cube jour après traitement de l’eau de mer. 70 % seront destinés à approvisionner la wilaya d’Annaba, le reste sera réparti entre les communes de la wilaya d’El-Tarf.
Il est vrai que cette solution coûte très cher en énergie puisque pour chaque mètre-cube d’eau de mer traité, il faudra selon les cas 3,7 à 8 kW/heure, mais cela est devenu nécessaire au vu des pénuries cycliques dont souffrent les habitants de la wilaya d’Annaba. Il faut y mettre le prix pour approvisionner les populations en cette denrée vitale, devenue rare du fait de la sécheresse mais aussi des gaspillages enregistrés.
En attendant que ces mesures soient mises en place et que l’ouvrage en question soit opérationnel, il faudra une meilleure gestion de l’eau, de sorte à économiser les quantités mises à disposition. Il faudra mener des campagnes de sensibilisation des citoyens pour la préservation de cette denrée vitale et rare du fait des bouleversements climatiques observés en Afrique du Nord, à l’origine d’une sécheresse et d’un déficit en eau qu’il sera difficile de régler.