S’il y a un mot qui se répète souvent, ces derniers jours, dans les hôpitaux de Constantine, c’est bien ‘’la pénurie’’. Pas de sang, pas de médicaments, Travatan collyre, Aprovasc, Zythromax, la molécule mère, entre autres, et pas d’oxygène, autant de réponses que les parents des malades ne cessent d’entendre de la part d’un personnel soignant profondément blasé. Le dernier produit cité s’ajoute à la liste des produits pharmaceutiques qui manquent depuis plusieurs mois. Une situation que le Pr Abderrahmane Benbouzid, le ministre de la Santé, a récemment qualifiée d’inadmissible.
Et la question que l’on se pose, de notre part, est la suivante : où réside le problème ? En fait, ce produit ne coûte pas vraiment cher, selon des sources médicales, mais de sa disponibilité dépendra la vie des patients atteints de coronavirus. Épuisés par cette histoire de pénurie des médicaments, des médecins du CHU Ibn Badis n’ont pas caché leur intention de quitter l’hôpital, pour aller travailler ailleurs, chez le privé ou carrément à l’étranger. Pourquoi attendre dans un service où il n’y a absolument rien pour travailler selon les normes universellement reconnues, a tenu à dire un jeune médecin spécialiste.
Que faire lorsqu’on est incapable de sauver quelqu’un à cause d’une bouteille d’oxygène, poursuit-il. Et d’ajouter que la situation dans les services dédiés à la prise en charge des malades infectés par ce virus mortifère est vraiment indescriptible. Des malades ne demandent qu’à être soignés. Est-ce trop demander d’avoir de l’oxygène dans un hôpital ? Ce produit est fait pour soulager les malades. N’est-ce pas ?
Un problème qui continue de défrayer la chronique locale, voire nationale. Après l’oxygène, quel sera le prochain produit à mettre sur la liste des pénuries ? Une question que l’on se pose légitimement face à une situation invraisemblable. Il est peut-être recommandé aux Algériens de ne plus tomber malade, en attendant l’arrivée des médicaments et autres produits pharmaceutiques, ironise le parent d’une malade hospitalisée au niveau du nouveau pôle sanitaire du CHU.
Il est à rappeler, dans cet ordre d’idées, que Linde Gaz, Sidal, ex-Air Liquide, et Calgaz, nouvellement agréé par le ministère de tutelle se sont engagés, lors d’une réunion tenue dernièrement, à répondre aux besoins de tous les hôpitaux à l’échelle nationale en matière d’oxygène sous sa forme liquide ou en bouteille. Ces trois organismes se sont, effectivement, mis d’accord afin de doubler l’offre de bouteilles d’oxygène, au profit des établissements de santé publique, de 5.000 à 10.000 unités. Aujourd’hui, le souhait de tout le personnel soignant est que cet accord soit suivi d’actions concrètes allant dans le sens d’une réelle amélioration de la qualité de la prise en charge des malades.
Adem Allaeddine