Il y a, vraiment, quelque chose de véritablement “pas normal” dans la mentalité et le comportement d’une partie de la société… tout particulièrement au niveau de ceux qui “gèrent” la “décision”. Que cette décision concerne une simple demande d’emploi, ou l’octroi d’une réalisation d’un projet d’envergure.
Et pourtant! Les services de sécurité et la justice n’ont pas chômé ces toutes dernières années, enquêtant, arrêtant et, souvent, condamnant aussi bien des corrompus que des corrupteurs et tout contrevenant aux lois de la République.
Et pourtant! Le Chef de l’Etat lui-même n’a pas manqué, lors de ses interventions publiques, mis en garde, moult fois, contre les tentations coupables.
Et pourtant! Malgré tous les compte-rendus de presse, qu’elle soit nationale ou régionale et locale, sur le phénomène de la corruption et, par extension, des maux sociaux… c’est peine perdue! Les leçons ne sont guère retenues et on a l’impression que le mal de la corruption (et ses dérivés) est si bien implanté dans l’univers comportemental de nos concitoyens qu’il paraît désormais partie naturelle et “normale”. Notre pain quotidien! Et cela n’a pu qu’amener l’Etat à aller encore plus loin dans la confection d’une architecture judiciaire encore plus détaillée, encore plus sévère… jusqu’à render ardue son interprétation. Ce qui ne plaît guère, tant aux défenseurs des droits de l’Homme qu’aux partisans d’une lutte avec les armes de la… foi religieuse.
Pour ma part, je pense qu’il faut aller encore plus loin… non en matière de répression, trop de Droit pouvant tuer bien des droits… mais en matière de Communication. Non en matière de liberté d’expression et d’information (ou de dénonciation des maux sociaux par le biais de lettres signées et non anonymes auprès d’institutions désormais connues), celle-ci étant désormais visible pour un temps ou pour longtemps, par la récente loi relative à l’Information, mais en matière de création culturelle, c’est-à-dire audiovisuelle (cinéma et télévisions) que la future loi… libérale (mais avec une préférence nationale affirmée en matière de production et de diffusion) et libératrice sur l’audiovisuel national, va “booster”, on l’espère, théâtrale (dont l’expression humoristique), et musicale. Une arme fatale qui servira non à éradiquer un phénomène, hélas désormais bien implanté, mais surtout à le dénoncer publiquement, à décourager les tentations coupables, à tourner en dérision les problèmes du quotidien et les contrevenants… sans insulter. Comme l’ont fait dernièrement, avec brio, pour certains maux sociaux, dans le plus pur style du néo-réalisme italien qui avait romancé la “vraie vie” et brisé les “tabous” (1943-1960), “Edamma” et “El Batha”. Comme l’a fait, il y a très longtemps Slimane Benaïssa et bien d’autres comédiens et réalisateurs. La vie politique ne devant pas être exclue (se souvenir des succès de Jornan El Gosto et de Kahwet el Gosto).Comme le font,… pour nous, certains de nos créatifs (écrivains, cinéastes et chanteurs)… hélas, à l’étranger.
Et surtout, ne pas attendre chaque Ramadhan pour que le petit peuple que nous sommes découvre, enfin, des exutoires culturels pacifiques pour se débarrasser de ses angoisses (“Iberrad Guelbou”). Et qu’il n’attende plus on ne sait quel procès ou emprisonnement ou campagne de presse pour (re-)découvrir les maux sociaux dévastateurs de son environnement.
Par : Belkacem Ahcene Djaballah