Par : Hamid Baali
Un phénomène a pris de l’ampleur, ces dernières années, au sein des familles qui préfèrent acquérir des packs d’eau minérale et boudent l’eau du robinet dont la qualité est pourtant certifiée par les laboratoires d’analyses. Ce créneau est devenu porteur puisque des concessions d’exploitation des sources sont accordées par le ministère concerné aux potentiels investisseurs qui se bousculent au portillon.
À titre illustratif, nous avons effectué ce quatorzième jour du mois sacré du Ramadhan une virée dans les magasins, supérettes et auprès de revendeurs en gros, de nombreuses marques nationales d’eau minérale qui enregistrent un engouement indéniable, puisque toutes les familles, quelles que soient leurs conditions sociales, n’hésitent pas à s’en approvisionner. Un père de famille rencontré dans une épicerie à la cité Gahdour Tahar, sur les hauteurs du chef-lieu de wilaya, nous confie : “Chaque jour, j’achète un pack de six bouteilles d’eau plate pour un montant de 170 DA et, en été, la consommation de ce précieux liquide augmente sensiblement ! Pour ne rien vous cacher, je dépense en moyenne 4.000 DA par mois, soit le dixième de ma pension de retraité ! Dans un passé récent, l’eau du robinet était privilégiée et les ménages n’achetaient que quelques bouteilles d’eau minérale destinées aux bébés, malades et personnes âgées ! Pour des raisons que seuls les sociologues pourront expliquer, l’eau minérale s’est imposée dans les foyers, y compris ceux de modeste condition !”
Nous avons tenté d’approcher quelques citoyens pour comprendre les raisons de cette frénésie pour l’eau minérale. Les avis divergent : “Nous imitons nos voisins qui délaissent l’eau du robinet et ont opté pour la consommation régulière de cette ressource vitale qui revient cher !”, nous rétorque un sexagénaire ! Son compagnon est toutefois catégorique : “Nous sommes contraints d’être au diapason, une nouvelle culture s’est instaurée au sein de notre société, et je dois avouer que mon épouse veut faire comme ses voisines !”. Cependant, l’incivilité de nombreux citoyens a pénalisé l’environnement, car des milliers de bouteilles vides d’eau minérale, jus et boissons gazeuses sont jetés n’importe où !
Ce spectacle désolant s’est banalisé et aucune réaction salutaire n’a été prise par les responsables locaux pour endiguer ce fléau qui s’est incrusté dans notre quotidien. Les services communaux de nettoiement sont débordés et leurs actions sont rapidement annihilées par des énergumènes qui ne respectent pas la qualité de vie de la communauté.
Ce qui est navrant, c’est le silence complice des habitants qui acceptent de vivre dans ces conditions déplorables. Il est urgent de remédier à cette gabegie, et des solutions peuvent être apportées par des jeunes qui gagneraient à investir dans la filière relative à la récupération et au recyclage de ces bouteilles qui jonchent tous les secteurs de la ville. Les services de l’Ansej devraient se pencher sur ce problème et proposer des filières à même de régler ces dépassements intolérables et créer de la richesse et des emplois.