Par : M. Rahmani
A Annaba, la fermeture de dizaines de petites entreprises, particulièrement celles activant dans le BTP faute de plans de charge, a mis au chômage des centaines de travailleurs qui se sont ainsi retrouvés sans emploi du jour au lendemain.
La faillite de ces entités économiques a pour origine la pandémie qui dure maintenant depuis plus d’une année et qui a fait des ravages parmi la classe ouvrière qui s’est retrouvée sans ressources et qui subit de plein fouet les conséquences de cette crise sanitaire sans précédent qui a touché le monde entier.
La destruction de milliers d’emplois, un drame pour les jeunes et les moins jeunes, particulièrement les pères de famille obligés de prendre en charge des familles entières, surtout en ce mois de Ramadhan où, même ce qui reste de la classe dite moyenne, est en train de plonger dans une paupérisation qui est venue à bout de tout.
Le taux de chômage qui a ainsi augmenté sensiblement, voire explosé, a poussé des milliers de citoyens à la débrouille tous azimuts pour survivre dans des conditions très difficiles en ces temps où, il faut le dire, le chacun pour soi a pris le dessus sur la solidarité et l’entraide tant louées mais qui, dans la réalité, ne se concrétisent que très rarement et, à l’occasion le temps que les caméras filment la scène pour ensuite remballer et disparaître.
Le système D à la rescousse
Cette débrouille, on la voit tous les jours à Annaba, sur les places publiques, sur les trottoirs, dans les quartiers populaires et les cités, dans les alentours immédiats des marchés ou encore au niveau des principaux pôles d’attraction. Ce sont ces ex-travailleurs qui s’essayent au commerce informel, se débrouillant comme ils peuvent pour se faire une place parmi « les anciens » du métier pour gagner quelques centaines de dinars, de quoi assurer la subsistance de leurs familles en ce mois de jeûne où les prix se sont envolés ; une misère de plus qu’ils doivent supporter bon gré mal gré.
Ils vendent des ustensiles de cuisine, des vêtements pour enfants, des petits tapis de prière, des serviettes, chaussures, sandales, mules et autres articles qu’ils proposent aux acheteurs potentiels à des prix plus ou moins abordables.
D’autres se sont convertis dans la vente de « diouls » et de fines herbes, coriandre, persil, céleri et autre pois chiche, ils sont même accompagnés de leurs enfants qui, eux aussi, ont leurs propres étals et qui sont là pour prêter main forte à leurs pères.
Certains n’ayant plus rien, assis à même le sol et adossés au mur, tendent la main aux passants espérant ainsi attendrir quelque âme charitable en ce mois de piété pour avoir une pièce ; ils ont la tête baissée, le regard absent et parfois l’on voit perler sur leurs joues des larmes qu’ils essuient furtivement.
D’autres encore se retrouvent devant les grosses poubelles qu’ils fouillent à la recherche de quelque aliment encore comestible ou quelque légume qu’on peut encore utiliser. On les voit courbés, la tête plongée dans les bacs triant les déchets pour en sortir, un fruit, des restes de quelque victuaille qu’on a jetée.
Et la situation va de mal en pis, ce sont des pans entiers de l’édifice social qui ont été frappés par cette paupérisation sans précédent et qui vraisemblablement sera dure à dépasser, car la pandémie est encore là et risque de durer encore. La relance économique pouvant amener une croissance n’est pas encore là et ne peut avoir lieu, tant que les recettes du pays restent au niveau où elles sont actuellement. Cela a amené le gel et la suppression de centaines de projets et, par là même, ce sont des milliers d’entreprises qui se sont retrouvées à l’arrêt avec, bien sûr, un drame au pluriel, à l’échelle de centaines de milliers de travailleurs au chômage.