Le rôle de la participation citoyenne dans la sauvegarde du patrimoine culturel matériel a été le thème d’une conférence donnée, ce samedi, au Centre culturel islamique, Ahmed Hamani, de Jijel, par Dr Manel Ouaret Ladjouz, enseignante-chercheuse du département Architecture de l’Université de Béjaïa.
Implication des différents acteurs du patrimoine
Organisée par l’Association «Jijel antique», cette rencontre a permis à la conférencière d’exposer l’expérience menée dans la ville des Hammadites, prise comme référence, pour s’étaler sur la dynamique d’implication des différents acteurs du patrimoine, en partant des experts jusqu’aux autorités, en passant par le citoyen.
Elle s’appuiera sur cette démarche participative en patrimoine, en s’étalant sur le processus de patrimonialisation qui implique une prise de conscience quant au défi de préserver les legs du passé, tout en veillant à les transmettre aux futures générations.
Textes règlementaires de la participation citoyenne
Elle fera lecture de la participation citoyenne dans les textes réglementaires, comme la loi relative à la Commune, qui appelle, en son article 12, à la mise en place d’un encadrement adéquat pour intéresser et inciter les citoyens à participer dans le cadre de la gestion de proximité, ou encore l’article 13, par lequel le président de l’APC peut faire appel, à titre consultatif, à toute personnalité locale, à tout expert et à tout représentant d’association, en raison de ses compétences ou de la nature de ses activités.
Elle évoquera, aussi, la loi 90/25 portant orientation foncière qui garantit une concertation entre tous les intervenants dans les procédures d’élaboration des instruments d’aménagement et d’urbanisme, et également la loi 90/29, relative à l’aménagement et l’urbanisme, qui dicte une consultation des associations locales d’usager, les Chambres de commerce et d’agriculture et les organisations professionnelles lors de l’élaboration du Plan Directeur d’Aménagement.
Enfin, la loi 01/20, relative à l’aménagement et au développement durable du territoire qui stipule, en son article 2, que les citoyens sont associés à l’élaboration et la mise en œuvre de cette politique initiée et conduite par l’Etat.
Les expériences vécues à Béjaia
Abordant les cas étudiés à Béjaïa, elle parlera d’abord des monuments historiques classés comme le fort de Gouraya (classé en décembre 2015), les portes de Fouka et Sarrasine (décembre 1967) ou encore la muraille Hammadite (octobre 2006). Elle ne manquera pas d’ajouter la création d’un périmètre de sauvegarde de la Vieille ville de Béjaïa en mai 2013.
Sur le respect de rayon de sauvegarde des abords du patrimoine bâti, elle s’appuiera sur les dispositions de l’article 17 de la loi 98/04, relative à la protection du patrimoine culturel qui énonce que «Le champ de visibilité dont la distance est fixée à un minimum de deux cents (200) mètres, peut être étendu afin d’éviter notamment la destruction des perspectives monumentales comprises dans cette zone.»
Les actions menées, dira-t-elle, ont permis d’arriver à certains résultats qui soutiennent «qu’aujourd’hui, plus de 1.300 maisons traditionnelles peuvent être sauvées». Ce qui nécessite la participation des habitants aux programmes de réhabilitation de leurs maisons qui doivent être stimulés par la perspective d’un meilleur cadre de vie, d’où l’appel à créer «Les assises du patrimoine de Béjaïa», la participation de l’université, l’instauration d’une éducation patrimoniale depuis l’école fondamentale. Elle affirmera, par ailleurs, qu’un projet initié par le ministère de la Culture et des Arts est en cours. Il concerne le patrimoine culturel et la gestion des risques à l’ombre des crises et des catastrophes naturelles.
Invitée par l’association « Jijel antique »
Interrogée en marge de cette rencontre, Manel Ouret-Ladjouz nous dira qu’elle est venue «en réponse à l’invitation du président de l’Association «Jijel antique».
Nous avons parlé de quelques expériences que nous avons vécues à Béjaïa, que ce soit à l’université, comment sensibiliser, comment former nos étudiants, mais aussi comment est-ce qu’on pourrait avoir des interventions, tout en liant nos efforts avec les institutions, avec les bureaux d’études, mais aussi avec les citoyens qu’ils soient actifs ou passifs.
Par : Fodil S.