Au moment où le wali d’Annaba, Abdelkader Djellaoui, bat son plein pour restaurer l’image de la wilaya et lutter contre l’insalubrité, l’un des acteurs-clés dans ce processus affronte un véritable sabotage entravant toute possibilité d’aller vers l’avant pour atteindre le but fixé, celui d’assainir l’environnement immédiat des citoyens.
Il s’agit de la seule société officielle de collecte de carton et de plastique opérant dans la wilaya, la SARL Guessassma, en activité depuis plus de six ans. Son propriétaire, M. Amar Guessassma, a, malheureusement, retiré les bacs de carton dispersés dans le chef-lieu de la wilaya en raison d’un sabotage persistant jusqu’à atteindre son paroxysme.
Les bureaucrates ont la peau dure
Pour remonter à environ 25 jours en arrière, le dirigeant de l’entreprise a été contacté par les directions du Commerce et de l’Environnement de la wilaya d’Annaba, pour reprendre son activité suspendue depuis des années. Cette initiative a été faire suite aux directives du wali, qui a également instruit ces services à accompagner la société lors de l’opération de la collecte du carton et du plastique pour assurer une meilleure coordination avec les commerces, notamment les supérettes, première cible de la société Guessassma. Cependant, deux problèmes se sont présentés, celui de l’absence d’autorisation officielle pour la collecte de carton et de plastique, exposant l’entreprise à des risques avec les autorités sécuritaires, et celui du non-accompagnement promis par les directions du Commerce et de l’Environnement.
«J’ai demandé au directeur de l’Environnement de m’accorder une autorisation officielle me permettant de déposer les bacs de collecte du carton et du plastique. Je ne voulais pas travailler au noir. Je suis un investisseur. Mon entreprise utilise ses propres moyens pour répondre aux besoins du domaine. J’ai des employés, et rien ne m’oblige à travailler au noir», déplore M. Guessasma. Avant de préciser qu’il a demandé cette autorisation à moult reprises auprès du directeur de l’Environnement, notamment après la reprise de son activité. Mais, ce dernier ne lui a toujours pas délivré ce document.
Sur le terrain, c’est un constat désolant qui s’impose à nos yeux. Suite à la non-exécution de l’instruction portant sur l’accompagnement de la société lors de la collecte, du moins au cours des premiers jours qui ont suivi la reprise de son activité, les employés de ladite entreprise ont rencontré de grandes difficultés avec les propriétaires des supérettes devant lesquelles les bacs de collecte ont été déposés.
En effet, ces derniers préfèrent, selon notre interlocuteur, de vendre le carton et le plastique aux clandestins au détriment de la seule société officielle dans la wilaya. En plus, et comme pour rendre la vie plus difficile aux employés lors de la collecte, ils trouvent toutes sortes de déchets et d’aliments, n’ayant aucune lien avec le carton ou le plastique, des produits alimentaires pourris des déchets ménagers, etc…
La mauvaise foi des commerçants
Comment, donc, imposer un minimum de coordination avec ces commerces au moment où l’entreprise ne détient aucune autorisation officielle lui permettant de défendre ses droits? Au moment même où les autorités locales n’accompagnent pas les employés relevant de l’entreprise pour imposer aux supérettes de coordonner avec eux ? Aucune réponse. C’est justement pour ces raisons, et bien d’autres, que le propriétaire de cette société a malheureusement pris la décision de retirer tous les bacs qu’il avait déposés au cours de ces 25 jours d’activité.
Une décision légitime, si l’on sait que la société a déjà enduré d’énormes pertes financières, au cours de ces dernières années dues au sabotage, à la bureaucratie et la prolongation des procédures administratives. «Je paie 20 millions de centimes mensuellement pour la location du siège de l’entreprise. Lors du lancement du projet, j’avais environ 18 employés Mais, ce chiffre s’est réduit à 5 employés en 2023, suite à la suspension de notre activité imposée par l’ex-maire, Youcef Chouchane. J’ai été obligé de vendre les deux camions de collecte pour parer à la faillite. Désormais, je suis obligé de louer les camions pour poursuivre mon activité. Chaque jour perdu signifie des dépenses sans revenus, donc des pertes. Je n’en peux plus», déplore notre interlocuteur.
Il est également important de préciser, que la société en question a une capacité de collecte d’environ 3 quintaux de carton ainsi que 22.000 bouteilles en plastique par jour. C’est du moins la quantité qui permet à l’entreprise de générer des bénéfices. Or, cet objectif est loin d’être atteint suite aux difficultés rencontrées au quotidien. L’entreprise frôle littéralement la faillite. Ce constat désolant existe alors que la société a planifié une opération marquante pour la saison estivale à Annaba. «Nous avons programmé de mettre en place 55 bacs de collecte de carton et de plastique sur la façade maritime d’Annaba. Des bacs fabriqués en alucobande et de LED, alimentés directement par des panneaux solaires associés à ces bacs», précise M. Amar, avant de déplorer l’impossibilité d’atteindre cet objectif dans ces conditions actuelles.
Par : Bouchra Naamane