Pendant une heure et demie, Abdelmadjid Tebboune a parlé de tout sauf de son avenir. De l’état dans lequel il a trouvé le pays, laminé par une Issaba insatiable qui a ruiné son économie et ses finances, des tentatives de cette même Issaba de saper ses efforts de redressement dans les premiers mois de son mandat, des biens saisis ou qui restent à récupérer, de la moralisation de la vie publique, de la nouvelle dynamique qu’il a insufflée à l’économie nationale, de ses nombreuses mesures sociales et de sa détermination à continuer à métamorphoser le pays.
Il est même remonté aux années où il était chef de daïra dans le grand Sud, il y a plus de 40 ans, pour raconter comment il a promu en commune la localité de Bordj Badji Mokhtar, aujourd’hui wilaya sur décision du président qu’il est devenu.
Et si le chef de l’Etat annonçait son intention de briguer un second mandat à la tête du pays en décembre 2024 ?
Lorsque le chef de l’Etat s’est mis à discourir, debout, derrière le pupitre de la salle circulaire du Palais des nations, il s’est vite avéré que le souci de connaître ses intentions était aussi partagé par les 407 députés de l’Assemblée populaire nationale et 118 sénateurs du Conseil de la nation venus l’écouter.
Tebboune a les arguments pour un second mandat
Il ne s’en est pas caché, Abdelmadjid Tebboune a dressé, chiffres et faits à l’appui, le bilan de ses quatre premières années au pouvoir.
Comme le ferait un président qui estime avoir bien travaillé et qui vient solliciter de nouveau la confiance de ses administrés pour continuer à les servir.
Ou alors un chef d’État qui, avant de partir, tient à signifier qu’il a tenu ses promesses. L’assistance qui l’écoutait ne savait dans quel registre mettre la démarche du président tant celui-ci, bien qu’il sortait du texte écrit de son discours, a soigneusement évité de lâcher le moindre indice sur ce qu’il fera dans une année, en décembre 2024, lorsque son mandat arrivera à terme.
Mais certains élus ne tardent pas à perdre patience. Un « ouhda thania (deuxième mandat) » retentissant fuse dans la salle et interrompt le discours présidentiel.
On ne sait pas s’il est lancé par un député ou un sénateur, pas plus qu’on ne sait sur l’intention réelle de son auteur, s’il ne s’agit pas par exemple d’une manière d’amener le président à se prononcer. Si tel était l’objectif, c’est raté.
Abdelmadjid Tebboune ne s’est pas laissé prendre. « Rebi yedjib l’khir, c’est le peuple qui tranchera à la fin », répond-il vaguement. Les sollicitations se feront de plus en plus fréquentes jusqu’à la fin du discours.
Sans les ignorer, le chef de l’Etat donnait les mêmes réponses vagues et indéchiffrables. « Que Dieu nous prête la santé nécessaire », dit-il à une femme qui, elle aussi, l’invite à rempiler pour une « ouhda thania ».
Même lorsque, après le discours présidentiel, une grande partie des députés et sénateurs présents se sont mis à scander à l’unisson leur désir de voir le président Tebboune rester pour cinq autres années, celui-ci n’a pas bronché.
Il a longuement salué l’assistance d’un geste de la main avant de s’en aller, laissant tout le monde sur sa faim, sans grosse surprise.
Abdelmadjid Tebboune a la voie libre pour un deuxième mandat, c’est l’unique certitude à une année de l’échéance.
Par : R.C