Par : M. Rahmani
En proclamant mercredi passé les résultats définitifs des élections législatives du 12 juin, le Conseil constitutionnel a mis fin aux calculs des uns et des autres, aux protestations et réclamations infondées de certains qui tablaient sur le gain de nouveaux sièges qui pourraient les propulser aux premières loges.
Le MSP, devenu leader de la nébuleuse islamiste, continue malgré tout à contester ces résultats soutenant que ses réclamations et ses recours sont fondés et avancent des arguments qu’il tient pour solides. Selon ce parti, le nouveau siège qui lui a été attribué après ses recours introduits ne lui rend pas justice et soutient qu’il a gagné dans toutes les wilayas où il a introduit lesdits recours. Il continue apparemment à croire qu’il y a eu fraude et que la Issaba officie toujours pour distribuer, comme d’habitude, les « quotas », oubliant que lui-même avait profité de ce système et avait été l’un des partis de l’Alliance présidentielle.
Crier au loup est le propre des islamistes pour s’attirer la sympathie des populations et ainsi se poser comme les champions du bon droit, tout en utilisant le système pour le noyauter. Cette politique de l’entrisme est leur fort et ils persistent dans cette voie car elle leur permet de s’enraciner un peu partout dans les rouages de l’Etat pour, plus tard, agir de l’intérieur.
Le MSP qui détient maintenant 65 sièges grâce à la « correction » apportée par le Conseil constitutionnel, lui permettant ainsi de se positionner comme 3ème force politique, lorgne déjà du côté de la Présidence de l’APN qu’il veut arracher. S’il arrive à ses fins et il est fort possible qu’il le pourra, si d’aventure les « grosses cylindrées » que sont le FLN et le RND ne s’entendent pas sur un candidat unique qui serait soutenu par les indépendants qui constituent la 2ème force politique après le vieux parti, la nouvelle assemblée sera assurément islamiste. Car le MSP sera sûrement soutenu par le mouvement El Bina qui a, à son compteur 39 sièges, sera renforcé par une partie des députés du Front El Moustakbal, glanera sans doute quelques sièges du côté des indépendants et les autres petits partis. Si cela se réalise, la nouvelle APN aux couleurs de l’islamisme, dit bon chic bon genre, aura comme mentors Erdogan et Ghannouchi pour s’en inspirer et conserver le pouvoir législatif avec pour objectif de transformer la société tout entière.
Mokri, le patron du MSP, comme pour détourner l’attention, appelle à la formation d’un gouvernement d’union nationale et à un dialogue stratégique en vue de réaliser un consensus national.
Le parti islamiste qui a aujourd’hui le vent en poupe, se sent pousser des ailes et veut jouer les premiers rôles pour être dans la cour des grands et ainsi s’imposer comme formation incontournable avec laquelle il faudra désormais compter.
Un parti qui a su tirer profit de toutes les situations qu’a traversées le pays, prenant position opportunément, ne s’embarrassant guère de principes, la fin justifiant les moyens, est qu’on le veuille ou pas arrivé à ses fins et est devenu une force politique de fait.