Des spécialistes en hématologie et des représentants de plusieurs associations de malades de l’Est algérien ont été en conclave, jeudi et vendredi derniers, à Annaba, pour débattre des anémies hémolytiques congénitales. Initiée par la Société algérienne d’hématologie et de transfusion sanguine, et tenue à l’hôtel Sheraton d’Annaba, cette rencontre a débattu de la drépanocytose et de la thalassémie, deux maladies à transmission génétique à forte prévalence dans les régions du Nord-Est algérien.
Le programme a comporté deux volets, l’un scientifique et l’autre associatif, pour débattre de la problématique de prise en charge de ces maladies. Des communicants étrangers, de France et du Liban notamment, ont été conviés à contribuer à cette rencontre par des interventions en visioconférence pour enrichir l’ordre du jour consacré à ce thème médical des plus préoccupants.
Au-delà du riche programme scientifique de ces deux journées, portant entre autres sur les stratégies diagnostiques, le dépistage et la prévention, la transfusion sanguine et les innovations thérapeutiques dans la prise en charge de la drépanocytose et de la thalassémie, ce conclave a réuni des médecins impliqués directement dans le processus de soin et des associations.
Les deux parties se sont concertées sur les moyens à mettre en œuvre pour améliorer la prise en charge de ces maladies. Si les médecins et les spécialistes présents ou qui sont intervenus par visioconférence se sont étalés sur le volet médical, les représentants des associations ont, à leur tour, appelé à la création de meilleures conditions pour le suivi médical des malades. Faisant rage dans les régions endémiques du Nord-Est algérien, la drépanocytose et la thalassémie sont au cœur des préoccupations de la communauté médicale spécialisée et du mouvement associatif concerné. Si ces maladies ont connu depuis quelques années une nette évolution dans leur prise en charge, notamment sur le plan transfusionnel et thérapeutique, elles restent toutefois confrontées à d’innombrables problèmes qui restent à solutionner. De prime abord, leur suivi médical reste encore aléatoire dans les régions ne bénéficiant pas d’une couverture sanitaire adéquate. «Ces maladies sont exclusivement l’apanage d’un milieu hospitalier spécialisé», a tenu à le préciser, le Pr Djenouni, du service d’hématologie du CHU Dr Dorban d’Annaba.
A ce jour, de nombreux malades des agglomérations secondaires, manquant d’une couverture médicale adéquate, restent loin de bénéficier d’un suivi médical. Et pas que, puisque même dans les régions les plus touchées, à l’instar de la wilaya d’El-Tarf, la situation reste préoccupante à plus d’un égard avec un grand nombre de naissances, venant grossir, chaque année, la liste déjà longue des malades.
Militant au sein de l’association qu’il préside à El-Tarf, Abdi Khmissi, cet infatigable défenseur de la cause des malades atteints de drépanocytose dans cette wilaya, ne cesse de tirer la sonnette d’alarme sur la situation signalée, clamant haut et fort qu’il est temps de doter cette wilaya d’un centre de référence dédiée à cette maladie. Faute de centres spécialisés dans les régions Est, c’est le service d’hématologie du CHU Dorban d’Annaba qui se trouve débordé par le grand nombre de malades qui ne cessent de le solliciter.
Idem pour le service d’hématologie du CHU de Constantine ou du service de pédiatrie de l’EHS El Manosurah de cette même ville, soumis à la même pression des malades venant de plusieurs wilayas de l’Est du pays. La situation n’est pas aussi reluisante à Skikda et Jijel où les thalasso-drépanocytaires peinent à bénéficier d’un suivi médical à la hauteur de leur souffrance.
Devant un tel constat, les associations qui se sont retrouvées dans ce conclave ont décidé d’aller solliciter, une fois de plus, les services du ministère de la Santé par un rapport détaillé sur la situation de ces maladies. «Dans l’espoir qu’il réagisse favorablement à nos attentes», selon le vœu exprimé par ces associations.
Par : Amor Z