L’ancien ambassadeur d’Espagne en Inde Gustavo de Arístegui et l’ancien député du Partido Popular (PP) Pedro Gómez de la Serna étaient poursuivis pour avoir prétendument constitué une organisation pour l’obtention de contrats dans des pays étrangers, en l’occurrence l’Algérie. Une affaire à 18 millions d’euros.
L’une des plus grosses enquêtes judiciaires en Espagne, liée à de faits de corruption en l’Algérie, vient de basculer suite à la décision prise par le nouveau juge du Tribunal National Espagnol, Santiago Pedraz, d’annuler les poursuites contre l’ancien ambassadeur d’Espagne en Inde Gustavo de Arístegui, l’ancien député du PP Pedro Gómez de la Serna, ainsi que 21 autres personnes impliquées dans ce dossier.
Les deux responsables politiques espagnols étaient en effet accusés d’avoir prétendument constitué une organisation pour l’obtention de contrats en Algérie, en contrepartie de cadeaux et des commissions à des fonctionnaires algériens. Les remous de cette affaire conduisent à un florissant business espagnol en terre algérienne, qui a fait éclater l’affaire en 2018, à la suite de révélations faites par la justice espagnole sur un système de
corruption international , comprenant une douzaine de dirigeants et cadres algériens grassement payés pour avoir sécurisé des contrats du groupe Villar Mir et sa filiale Fertiberia en Algérie, partenaire du groupe public Asmidal dans la société spécialisée dans les fertilisants, Fertial.
Selon la presse espagnole, un paiement de 1 887 980,40 dollars avait été effectué à Tadfield Limited, société écran basée au Royaume-Uni, qui en a reversé ensuite près de 1,6 million de dollars sur des comptes bancaires, dont ceux d’un général, Atmane Bahloul (décédé en Espagne en 2013), et Mahmoud Ouadah, père du colonel Salim Ouadah.
Côté espagnol, l’annulation des poursuites judiciaires qui pesaient sur les deux têtes de gondole de ce système, a été décidé par le juge Pedraz, président du 5e pôle pénal de l’Audiencia Nacional, tout fraîchement nommé en lieu et place du magistrat qui avait commencé à enquêter en 2016, en l’occurrence José de la Mata.
Cette décision est motivée par le fait que l’enquête ait été clôturée prématurément, rapporte la presse locale, qui reprend une ordonnance datée du 20 janvier, selon laquelle « le juge valide l’appel interjeté par le parquet contre la résolution par laquelle il a été proposé de juger les inculpés étant entendu que l’instruction n’a pas été épuisée et qu’une procédure était toujours pendante ».
Pour rappel, le juge de la Mata, actuel représentant de l’Espagne auprès d’Eurojust, avait rendu en novembre 2020 un ordre de passer en procédure abrégée, par laquelle l’enquête a été clôturée.