Par : M. Rahmani
A la veille du mois sacré de Ramadhan, des bouchers occasionnels pointent le bout du nez et font leur apparition aux bords des routes et dans certains quartiers, échappant à tout contrôle au niveau des différentes localités de la wilaya d’Annaba.
En effet, en cette période de jeûne, la consommation de la viande augmente sensiblement et c’est là l’occasion rêvée pour des commerçants véreux de faire des affaires sans se soucier nullement de la santé de leurs concitoyens.
C’est à l’abri des regards indiscrets que se font ces abattages clandestins où tout y passe bovins, ovins ou caprins et qui sait peut-être même d’autres bêtes qu’on glisse parmi ces derniers (la nuit, tous les chats sont gris), l’endroit est connu pour avoir été fréquenté durant les mois de Ramadhan passés. On vient s’y approvisionner en viandes rouges à des prix plus ou moins acceptables ; cela varie entre 1.200 et 1.300 DA le kg, alors que chez le boucher établi et contrôlé par les services vétérinaires au niveau de l’abattoir, le kg de viande ovine a flambé ces derniers jours atteignant la coquette somme de 1.700 DA, ce qui est inabordable pour certaines bourses qui joueront désormais sur la quantité.
Hier, en passant par le CW 56, une route secondaire reliant Sidi Salem et la Cité Seybouse à Sidi Amar et El Hadjar, nous avons constaté un peu en retrait de la route, une armature montée dans un champ et où l’on a déjà installé du matériel, des étals de boucher et des crochets pour pendre les bêtes dépiautées qu’on découpera pour les vendre au détail. Il y avait déjà un certain nombre de personnes qui attendait que les vendeurs terminent leur besogne avant de proposer aux consommateurs leur produit.
Ces bêtes, abattues sans aucun contrôle vétérinaire, peuvent être atteintes de maladies transmissibles à l’homme, des zoonoses dangereuses qui nécessitent des traitements à vie. Selon un vétérinaire, interrogé sur cette pratique pour le moins illicite, en consommant ces viandes d’origine inconnue, on risque d’être atteint par la tuberculose bovine, la brucellose ou le kyste hydatique qui nécessite une intervention chirurgicale. « Consommer ces viandes revient à prendre un risque pour sa santé, les bêtes abattues ne sont pas estampillées et donc n’ont subi aucun contrôle, elles peuvent être atteintes de ces maladies transmissibles à l’homme. Il y a aussi les viandes ictériques qui sont encore plus dangereuses, cela provient d’animaux sous traitement antibiotique que l’organisme n’a pas encore éliminé et qui sont abattues, la consommation de ces viandes entraîne des maladies. » précise ce vétérinaire établi à son compte.
Un autre étal que nous avons constaté est visible à partir de la route menant à Sidi Amar, à la sortie Sud-ouest du Pont Bouchet, là on a déjà commencé à vendre sa viande et les clients ne manquent pas. On ne se soucie guère des contrôles des services de sécurité ; les véhicules s’arrêtent et l’on s’y rend comme on se rend chez le boucher du coin.
Les contrôles qui, certes, dissuadent ce type de commerce illicite et très pernicieux pour la santé, ne suffisent pas à eux seuls à endiguer ce phénomène qui apparaît chaque année, en effet, une grande responsabilité incombe au citoyen. Ce dernier y est pour beaucoup en achetant ces viandes tout en ayant connaissance que celles-ci ne sont pas passées par les contrôles vétérinaires. Une inconscience qui risque de lui coûter très cher, peut-être même sa vie.